Bulletin n° 4 de la fédération de la Libre Pensée du Doubs

Editorial
Livrés à la Libre Pensée des libres penseurs, voici 3 articles touchant à l’économie, le temps de travail et l’éducation. Chacun est libre d’interpréter les faits selon son entendement. Voici le mien : un nouvel ordre mondial se met en place et tente par le biais d’accords à imposer des « règles » économiques aux états : ces règles visent à plus de flexibilité ... Partout des accords supranationaux apparaissent, partout la régionalisation se met en place. Il faut supprimer, les Etats laïques. Il faut accepter la morale de la soumission véhiculée par les églises du monde entier.
Le pape (voyage à Cuba) a une place privilégiée. C’est au nom d’un état religieux (Vatican) qu’il intervient dans ces rapports avec d’autres états et qu’il apporte une « aide » spirituelle aux peuples frappés par le système économique. Les libres penseurs, en combattant les idéologies et dogmes religieux, en combattant pour le respect de la laïcité institutionnelle, affrontent le capitalisme et le libéralisme qui aliènent l’individu.
L’Union des libres penseurs du monde devient une nécessité. Préparons activement notre manifestation contre l’Europe du Vatican, l’Europe de Maastricht.    René
 

 Dans le portable de monsieur Foukaka
 Un certain Foukaka, né quelque part, à Quimper-Corentin par exemple et qui trouvait ça vraiment original, s’est d’abord dit, comme ça, sans trop y penser, tiens ! on ne parle pas de religion à l’école.
Puis, de fil en aiguille, il a pensé qu’il était temps d’enseigner l’histoire des religions, ça intéresse les enfants ! Alors il s’est mis à professer, tout naturellement et à tout va, que la religion au fond était porteuse d’histoire, l’enseignement c’est quand même une invention de l’église non !
Et, un beau jour, sans doute le plus beau jour de sa vie, c’était peut-être un dimanche, et pourquoi pas à Vérone, M. Foukaka a eu une idée fortissime et brillante et, pour tout dire, carrément géniale, si la religion fait l’histoire, elle peut aussi décider de mettre fin à l’histoire, si elle trouve que l’histoire est un mal pour les hommes.
Bien sûr, le pape, le grand rabbin et le grand mufti pensent que c’est à dieu de décider d’une chose pareille mais, quelle intuition ce Foukaka ! est-ce qu’ils ne sont pas en train de décider à la place de dieu en disant ça ?
L’imagination, une fois lancée au galop, personne ne peut plus l’arrêter, même pas le château du père Michel qu’on trouve pas loin de St Malo. Et après s’être laissé bercer par les flots, comprenne qui pourra, M. Foukaka s’est enflammé, supprimons l’histoire !
Ce que M. Foukaka a oublié, c’est que supprimer l’histoire porte un nom : Auschwitz.
Le mea culpa est la science des imbéciles. Exportable partout.
     c/o René
 

L'Europe, le Vatican et la Région
 Dis-moi qui t'a créé, je te dirai à quoi tu sers ! Cette maxime simple explique très bien le pourquoi des positions de la CFDT. Elle peut tout aussi bien s'appliquer à la Communauté Européenne.
La CEE est issue de la CECA (Communauté Européenne du Charbon et de l'Acier). Sur ce premier point, il y a lieu de tirer trois réflexions :
 - Deux des pères fondateurs, Robert Schuman et Jules Monnet, sont des sociaux-chrétiens avoués que Mitterrand n'aurait pas reniés dans son P.S.,
 - coïncidence, les deux plus grandes industries démantelées depuis la dernière guerre par des plans européens repris par les gouvernements successifs sont l'industrie de la mine et celle de l'acier, industries concernées en premier lieu par la CECA. Ces plans ont été appliqués en France par le sous-ministre et dirigeant de la CFDT Chérèque sous les ordres de Mitterrand,
 - C'est une communauté :
Communauté : n.f. Etat de ce qui est commun: Groupe de gens qui ont des intérêts communs: Société religieuse soumise à une règle commune (Petit Larousse)
Nous y reviendrons.
 Ensuite, pour officialiser la transformation de la CECA et amplifier les attaques contre la classe ouvrière, on ratifie le traité de ... ROME. Quel heureux hasard ! Et on prend comme symbole douze étoiles jaunes (à cinq branches) sur fond bleu... le symbole de l'immaculée conception, qui n'a malheureusement aucune chance avec Jean-Paul II de devenir l'immaculée contraception. Et certains osent prétendre que le Vatican n'a rien à voir avec la communauté Européenne.
 Ensuite doit être fixé le siège de la CEE. Bien, réfléchissons un peu. Faut-il un pays à forte structure nationale pour faire passer l'idée de communauté ? Non bien sûr. Et bien voilà, prenons le pays dans lequel il existe plusieurs "communautés" déjà déclarées et soutenues à bout de bras par les partis politiques : La Belgique. Ensuite, on crée des commissions remplies de fonctionnaires de Bruxelles (sic). Comme chacun sait, un fonctionnaire est au service d'un état. Mais, en l’occurrence la communauté n'a rien d'un état national. Donc, on peut en conclure que le fonctionnaire sert la communauté, donc les valeurs communes et ainsi écraser les minorités. Bel exemple de  totalitarisme! Bien. Il faut donc trouver ces valeurs communes; ce ne peut être évidemment la lutte de classes, ni même reconnaître l'existence de classes aux intérêts antagonistes puisque, dans une communauté, tout le monde a les mêmes intérêts (voir définition). Il y a bien un seul trait commun tangible entre tous ces pays : ils ont tous été à un moment de leur histoire des pays dont la religion dominante était le Catholicisme romain. Alors, comment s'étonner que le Vatican ait créé cette bête monstrueuse de Bruxelles. Pour clore sur ce sujet, ils ont créé un parlement croupion pour le vernis démocratique. Mais enfin, comme on n'est sûr de rien, ils l'ont placé à 300 km du gouvernement. Les Versaillais s'étaient contentés de 50 km.
 Sur l'adhésion des pays à la CEE, on peut remarquer d'étranges choses. Il est claironné que le gouvernement "catholique" de Dublin ne peut supporter le gouvernement "anglican" de Londres. Dans ce cadre, il est étrange que ces deux gouvernements aient adhéré la main dans la main à l'Europe Vaticane. Ensuite, vint l'adhésion du Portugal, de l'Espagne et de la Grèce avec trois gouvernements socialistes, reflets de notre PS national. Les référendums sur l'adhésion au traité de Maastricht sont éloquents :
Là où les électeurs ont en majorité relative dit oui, pas de problème. Là où ils ont dit non, tout démocratiquement, on revote jusqu'à obtenir un oui. En Norvège, où le non a prévalu, il est intéressant de repréciser que le P.S. local a appelé au oui alors que le syndicat, qui lui est pourtant très lié de par son histoire, a appelé au non. La pression due aux adhérents et militants du syndicat a dû jouer...
 Le dernier point concerne la régionalisation. Sous couvert de participation accrue du "citoyen" aux mesures européennes, la CEE a entrepris une oeuvre de démantèlement des structures nationales. Tout le monde est au courant ou alors il faut être un ermite pour ne pas le savoir : l'économie est mondiale. En disant cela, il faut comprendre que les statuts nationaux des fonctionnaires, les conventions collectives nationales soient un frein à cette mondialisation. Quoi de mieux pour casser ces caractères nationaux qui protègent le salarié que de détruire les structures nationales ! Alors on casse. On régionalise. On développe les régions qui n'ont de signification historique que le moyen-âge (la région où je vis s'appelle la Franche-Comté du nom qu'elle avait sous les ducs de Bourgogne...) et géographique que les diocèses. Tiens, le retour du Vatican. Cette notion de région est là pour casser la structure départementale issue de la Révolution et ainsi casser les frontières de l'état-nation en en créant de nouvelles calquées sur le cadastre établi au Vatican. Seulement, pour faire ceci, il faut la participation des gouvernements nationaux comme en 1984 la loi de décentralisation et de régionalisation. Cependant, une notion inscrite dans la constitution empêche pour l'heure cette oeuvre de destruction : "le service public garantit que le même service est offert au citoyen quelle que soit sa position sur le territoire". Ceci est contradictoire avec la régionalisation. Alors, on réforme l'état pour l'y adapter. On crée la maison régionale des services publics. Juppé est en train de s'y atteler. Juppé-Notat-CFDT devrais-je dire. La destruction de la sécurité sociale passe elle-aussi par la régionalisation. En effet, j'ai entendu une interview du PDG d'AXA lors de la fusion de son groupe avec l'UAP :
Le journaliste : "Fusionnez-vous pour créer une sécurité sociale privée ?"
Le PDG : "Ce n'est pas à moi de répondre, c'est au gouvernement et aux partenaires (collaborateurs? NdA) sociaux. Cependant je ne serais pas hostile à une sécurité sociale privée et REGIONALE"
Nous sommes à juste titre ulcéré à l'idée d'une sécurité sociale privée. Cependant, cette réponse marque bien l'importance de la régionalisation pour faire passer les plans de destruction de la sécurité sociale dans ce cas, mais ne doutons pas que toute l’oeuvre de démantèlement passera par là.
Nous pouvons aussi discourir sur la tribalité que la notion de Région comporte. Sans refaire le parallèle avec le moyen-âge, des exemples concrets et actuels peuvent être présentés.
Je me souviens d'un article de Campdessus dans le Monde sur l'Afrique, paru il y a 5 ou 6 ans. Il y parlait de régionalisation. En l’occurrence, le F.M.I. désirait régionaliser l'Afrique en trois zones avec un traitement économique adapté à chacune : Afrique du Nord, Afrique centrale et Afrique du Sud. On peut traduire : Pétrole, rien, Diamants. Comme la religion catholique n'est pas dominante, il était impossible de s'appuyer sur les diocèses, alors on dévoile tout et on prend des arguments économiques. Ils ont même parlé, off record, d'Afrique utile et inutile. L'Afrique centrale semblait inutile. Il y a eu la Somalie, le Rwanda et maintenant on ajoute le Zaïre et le Burundi. En Europe même, il existait une structure fédérale amplement marquée de communautarisme par le fait qu'elle n'existait que par la poigne de fer de pseudo-communistes et par la régionalisation. Après un traitement sévère par le FMI, elle a éclaté. C'est la Yougoslavie. La Régionalisation, c'est la porte ouverte à la barbarie.
  Christian in l’Anarcho-Syndicaliste

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