Editorial
La Fédération de la Libre Pensée du Doubs est créée.
Les statuts (discutés en AG) ont été déposés.
L'association est parue au Bulletin Officiel du 16 Août 1997. Un
compte est ouvert à la Poste.
La création de la Fédération repose sur le département,
structure émanant de la Révolution Française (chaque
citoyen devait pouvoir, en une journée de cheval, s'adresser au
représentant de l'Etat). Notre petite fédération a
mené avec succès les campagnes nationales et locales. Il
faudra (l'ex-trésorerie régionale étant divisée
en trois) augmenter les adhésions, rechercher des dons...pour maintenir
nos sections.
Qu'est une adhésion à la Libre Pensée ? Il s'agit
d'un engagement individuel qui correspond à l'idée que la
raison, la science, l'expérience permettent de combattre les inégalités
sociales, le racisme, les dogmes et idéologies totalitaires. La
lettre aux adhérents doit permettre un échange entre libre-penseurs
de département sans a priori. Chacun pourra alors donner ses réflexions
sur les sujets de son choix. Envoyer vos courriers à Christian Pieralli
Le Président
Les provocations papales lors des « Journées Mondiales de la Jeunesse Catholique » (C.P.)
A l’occasion de ces Journées, nous avons déjà clairement
mis en évidence les violations multiformes de la loi de 1905, je
ne reviens pas sur ce sujet si ce n’est pour dire que le gouvernement Juppé
et celui de Jospin ont oeuvré dans le même sens pour assaillir
les participants à ces journées de beaucoup de billets de
banques sortant directement des caisses de l’Etat. De mon point de vue,
cinq provocations papales délibérées sont à
souligner. La première a été abondamment soulignée
par tous les médias : l’organisation de la messe papale le jour
anniversaire de la Saint Barthélémy. Cette provocation tend,
selon moi, à prouver aux autres religions en France, qui est le
chef. Le Vatican entend bien garder le leadership de l’obscurantisme en
France. La deuxième concerne l’agenouillement tout aussi papal devant
la tombe de Lejeune. Cette provocation a fait les choux gras des pseudo-antilaïques
comme le Réseau Voltaire. Il faut rattacher ce comportement du dictateur
du Vatican à son encyclique appelant à la désobéissance
civile et son soutien aux commandos obscurantistes anti-IVG. La troisième,
moins commentée, s’est passée à l’occasion du départ
du Pape. Carol Wojtyla a en effet dit à Lionel Jospin : «
Je remercie l’état français pour sa contribution à
l’organisation des Journées ». Diantre ! Il aurait pu se contenter
de remercier le gouvernement de sa contribution illégale car c’est
lui qui a financé, certes en se servant de l’Etat. Prétendre
que c’est l’Etat lui-même revient à nier la loi de 1905 et
à considérer l’Etat et la nation française comme catholique.
Vient ensuite le comportement du couple Chirac, et plus particulièrement
de sa compagne, lors de l’arrivée du réactionnaire ex-polonais.
Ne voilà-t-il pas que Bernadette s’équipe le chef de la mantille,
ornement à l’esthétique discutable mais réservée
à l’usage des conjointes des rois, selon le rite de la monarchie
très catholique d’Espagne et, plus lointain, des monarques très
chrétiens du royaume de France ! La dernière des provocations,
nullement dénoncée dans les médias, me paraît
être la plus dangereuse. Que le pape béatifie M. Ozanam, c’est
son problème. Il faut savoir que celui-ci est le théoricien
du catholicisme social, doctrine qui prône le corporatisme. Cette
doctrine est à la base du régime de Vichy et Mussolini s’en
est inspiré pour établir en partie son régime des
faisceaux. C’est la charité contre la solidarité, l’organisation
des chômeurs contre les salariés ayant un emploi, c’est l’Abbé
Pierre quand il déclare que les fonctionnaires sont des nantis.
Voilà ce qu’est la doctrine sociale de l’église ! C’est le
corporatisme qui mène au fascisme ! Et qu’en disent nos dirigeants
: « (...) le créateur de la Société de Saint-Vincent
de Paul a contribué efficacement à la réconciliation
de l’église et de la République(...) » (Jospin parlant
d'Ozanam). Jaurès aurait apprécié !
La laïcité ouverte de M. Jospin
En ces temps de Laïcité Ouverte réclamée textuellement
par le premier ministre (Le Monde, 25 Août 1997) sous le titre «
Lionel Jospin plaide en faveur d’une conception ouverte de la Laïcité
», il est grand temps de remettre les pendules à l’heure.
En tout premier lieu, il importe d’être précis sur les mots.
Contrairement à ce que prétend M. Jospin, la laïcité
n’est pas « respectueuse de la liberté religieuse »,
mais respectueuse de la liberté de conscience. La nuance peut
paraître subtile cependant elle n’est pas si inutile que cela d’en
disserter. La Libre Pensée, en tant que conception philosophique,
nie tous les dogmes, instaure le libre examen des faits et utilise pour
ceci le rationalisme. Elle est du domaine de la libre conscience et non
du domaine religieux. La Laïcité de M. Jospin ne saurait prendre
en compte ce courant de pensée, tendrait ainsi à privilégier
le fait religieux dans la société et sous-entendrait la reconnaissance
des cultes par l’Etat. C’est une remise en cause directe de la loi de 1905
qui dit dans son article deux : « La République ne reconnaît
aucun culte ». D’autre part, comment appeler un état qui «
respecte » les religions sans « respecter » la liberté
de conscience des athées ou des agnostiques ? Personnellement, je
pense que les religions sont par nature obscurantistes, que la notion de
Dieu tout-puissant gouvernant les hommes est un déni de libre arbitre
de l’homme, que les églises sont des instruments de domination d’une
classe sur une autre et, en tout état de cause, je ne respecte pas
les religions. Je respecte le droit de chacun à croire que Jésus
a marché sur l’eau mettant ainsi en défaut le principe d’Archimède
mais je ne respecte pas cette façon obscurantiste de penser qui
nous ramène à l’état d’instruction qui prévalait
dans les couches les moins favorisées du Bas Moyen-Age. Doit-on
me laisser penser ce que je pense ou, comme Monsieur Jospin sous-entend,
je suis hors-la-République-laïque-Ouverte. La Laïcité
de M. Jospin est totalitaire car elle interdit la liberté de conscience.
Elle nous ramène à l’Ancien Régime pendant lequel,
le simple fait de ne pas se découvrir lors du passage d’une procession
vous mettait hors la loi et vous valait quelque ennui (l’exécution
du Chevalier de la Barre en 1766, torturé et exécuté
pour cette raison). Ainsi, un état qui reconnaît une
religion, comme celle du Vatican, efface d’un revers de manche les milliers
de morts qu’elle a engendrées et ainsi contribue à instaurer
le « révisionnisme » historique étatique.
Dans un autre ordre d’idées (quoique...), les bien-pensants
s’offusquent actuellement de la naissance de sectes dangereuses et à
buts financiers ou politiques. Mais enfin, comment définir une secte
: Déni de réflexion « saine » chez ses membres,
mise à l’écart de la société, suicides rituels,
racket, totalitarisme...
Alors que dire d’une église reconnue par M. Jospin qui a créé
le monachisme (exclusion totale de l’individu en dehors de la société),
du sourire de « sainte Thérèse de Lisieux » quand
on lui disait qu’elle pourrait survivre en se soignant et qu’elle répondait
« je préfère mourir comme cela car j’aurai le Paradis
éternel », des dîmes et autres impôts de l’ancien
régime saignant les paysans pour enrichir les déjà
très riches membres du clergé et enfin la mainmise sur les
consciences durant 15 siècles par les tenants de l’amour universel.
Non décidément, il est impossible de discriminer une religion
d’une secte, la seule différence étant qu’une religion a
assez de soutiens politiques et financiers pour pouvoir survivre.
La seule Laïcité, c’est celle institutionnelle qui reconnaît
le droit de penser comme l’on veut, croire si l’on en a envie à
un ou plusieurs dieux, ou ne pas croire du tout. C’est la démocratie
républicaine. (C.P.)
Colère de rentrée
Si les principes laïques sont bafoués à l'école
par l'entrée des curés ou de leurs corollaires (ramassage
de riz...), il est aussi un principe de gratuité de l'école
laïque qui est particulièrement bafoué. Par exemple,
on me demande (2 enfants au collège de Baume-Les-Dames) : - 60 F.
par enfant pour les frais de timbres en cours d'année - 50 F. par
enfant pour le foyer socio-éducatif (je ne sais toujours pas ce
que veulent dire socio et éducatif) permettant aux élèves
de s'abreuver aux distributeurs des multinationales - 50 F. pour des cahiers
de TD en anglais... Les sommes sont conséquentes pour les parents.
Où est la gratuité des services que doit l'école (l'instruction,
la surveillance, le courrier aux familles) ? devra-t-on bientôt,
à l'entrée de la cour, payer un bénévole pour
surveiller les cartables ? Ces sommes ne sont pas obligatoires semble-t-il
! Mais les parents qui ne paieront pas seront montrés du doigt.
Et bien soit ! Je ne paierai pas. et l'on montrera du doigt les enfants
dans l'école laïque qui refusent de payer des services. Vive
l'école de la république. A bas l'école des charlatans,
des curés et de Coca-Cola. (R.M.)