Qu'est-ce que La Libre Pensée?
Plongeant ses racines dans l'antiquité
(Platon), en passant par le Moyen-Age (Villon), puis la Renaissance (Rabelais),
triomphante dans les Lumières du 18ième
siècle et la Révolution Française, la
libre pensée fut l'oeuvre de tous ceux qui
refusèrent les vérités révélées
et imposées par les autorités et qui osèrent se dresser
un jour pour dire non à l'obscurantisme et à
l'oppression.
Un grand moment de cette histoire se trouve dans
la Réforme, au début du 16ième siècle. La Réforme
est à la fois révolte
sociale dans le Wurtemberg et révolte
contre les dogmes de Rome et de Genève. De nombreuses sectes religieuses
se
constituent alors, parmi lesquelles celles de
libre-examen qui ne se reconnaissent dans aucune religion révélée.
Le plus pur
représentant en sera Erasme.
Fondée en 1847 par la rencontre des militants
conscients du mouvement républicain et ouvrier naissant qui se fixaient
pour but
la laïcité de l'Ecole et de l'Etat,
et la lutte intransigeante contre l'oppression religieuse, La Libre Pensée
(c'est à dire
l'association du même nom) compta parmi
ses membres les plus illustres figures du 19ième et du 20ième
siècle. Ainsi,
François-Vincent Raspail, Auguste Blanqui,
Victor Hugo, Littré, Paul Bert, Ferdinand Buisson, Aristide Briand,
Clémenceau, Emile Zola, Romain Rolland,
Victor Basch, Edouard Herriot, Anatole France, Jean Jaurès, Bertrand
Russel, Jean Rostand comptèrent parmi
ses membres.
La Libre Pensée repose sur quatre principes
fondamentaux que des générations entières de Libres
Penseurs ont mis en
oeuvre.
Elle
est anticléricale, car elle refuse
toute ingérence des religions dans la société civile
et dans les institutions
républicaines.
Elle agit pour le strict respect de la loi de séparation des Eglises
et de l'Etat du 9 décembre 1905 qui est le
produit de l'action
des Libres Penseurs. La Libre Pensée est pour la laïcité
institutionnelle.
Elle est antireligieuse, car elle considère
les religions comme l'une des principales sources d'oppression et
d'obscurantisme de l'Humanité.
Elle estime que l'Homme doit conquérir son bonheur de son vivant
et non dans un
pseudo-paradis extra-terrestre.
Elle réfute toute vérité révélée,
elle récuse tous les dogmes et se prononce pour une
totale liberté
de la pensée.
Elle
est antimilitariste, car elle refuse que les
peuples se massacrent pour des intérêts qui ne sont pas les
leurs. Se
prononçant pour
le désarmement unilatéral, elle est internationaliste, car
elle se place au-dessus de tous les intérêts des
peuples. Pacifiste,
La Libre Pensée est membre des Forces Libres de la Paix.
Elle
est anticapitaliste, car elle refuse toute
exploitation économique qui, comme l'oppression politique et religieuse,
ne
vise qu'à assujettir
l'individu au détriment de ses droits légitimes. Sociale,
elle milite pour l'émancipation totale de
l'individu.
Les Libres Penseurs sont des individus libres,
c'est pourquoi, en adhérant à La Libre Pensée, ils
s'engagent à ne demander
aucun sacrement religieux pour eux-mêmes
ainsi que pour leurs enfants mineurs et à demander des funérailles
civiles.
Considérant que les institutions républicaines
doivent retrouver force et vigueur, les Libres Penseurs exigent que soient
respectés les principes suivants:
Le curé à
l'église, l'instituteur à l'école!
Pas un franc de fonds
publics à l'école privée!
Abrogation de toutes
les lois antilaïques!
Abrogation du statut
d'exception clérical d'Alsace-Moselle!
Retour à un strict
respect dela loi de séparation des Eglises et de l'Etat (Loi de
1905)!
La Libre Pensée appelle tous les citoyens
et citoyennes qui se reconnaissent dans ces principes à rejoindre
ses rangs afin
d'oeuvrer à l'émancipation culturelle,
sociale et politique de l'Humanité.
Extrait des statuts de la Fédération Nationale de la Libre Pensée.
Article 2: La Libre Pensée se réclame
de la raison et de la science. Elle n'est pas un parti, elle est indépendante
de tous les
partis. Elle n'est pas une Eglise, elle n'apporte
aucun dogme. Elle vise à développer chez tous les hommes,
l'esprit de
libre-examen et de tolérance.
Elle regarde les religions comme les pires obstacles
à l'émancipation de la pensée; elle les juge erronées
dans leurs principes et
néfastes dans leur action. Elle leur reproche
de diviser les hommes et de les détourner de leurs buts terrestres
en développant
dans leur esprit la superstition et la peur de
l'au-delà, de dégénérer en cléricalisme,
en fanatisme, en impérialisme et en
mercantilisme, d'aider les puissances de réaction
à maintenir les masses dans l'ignorance et la servitude. Dans leur
prétendue
adaptation aux idées de liberté,
de progrès, de science, de justice sociale et de paix, La Libre
Pensée dénonce une nouvelle
tentative, aussi perfide qu'habile, pour rétablir
leur domination sur les esprits.
Estimant que l'émancipation de l'homme
doit être poursuivie dans tous les domaines, La Libre Pensée
réaffirme sa volonté de
combattre également aux cotés de
tous les hommes et associations qui s'inspirent des mêmes principes,
toutes les idées, les
forces ou les institutions qui tendent à
amoindrir, à asservir ou à pervertir les individus. Elle
réaffirme sa volonté de défendre la
paix, les libertés, les Droits de l'Homme,
la laïcité de l'Ecole et de l'Etat.
Estimant que toute croyance est judiciable de
la libre critique, elle entend n'imposer ni se laisser imposer d'autre
limite à son
action que le respect de la vérité
objective et de la personne humaine.
A ses adhérents, fraternellement unis dans
l'action commune, elle propose la méthode la plus efficace de perfectionnement
individuel et de rénovation collective.
Elle adjure tous les hommes de progrès,
oublieux de leurs vaines querelles, de se grouper dans son sein pour travailler
à
l'avènement d'une morale rationnelle de
bonheur, de dignité humaine et de justice sociale.
Contacts, adhésions, abonnements à la revue mensuelle "La Raison":
La Libre Pensée, 10-12 rue des Fossés-St-Jacques,
75005 Paris, France
Tél: 01 46 34 21 50 Fax: 01 44 07 06 78.
(Ce texte émane de la Fédération
Nationale de la Libre Pensée)
Histoire de La Libre Pensée
Quelques grandes dates de la période 1848-1975.
1848: Fondation de la Société Démocratique
des Libres Penseurs présidée par J. Simon (révoqué
de la Sorbonne en 1851
pour son hostilité au coup d'Etat de L.N.
Bonaparte). V. Schoelcher, membre de cette Société, fait
supprimer l'esclavage dans
les colonies françaises.
1863 : Fondation à Bruxelles de La Libre Pensée avec l'aide de libres penseurs français exilés (depuis 1851).
1864 : Fondation à Londres de l'Association
Internationale des Travailleurs, connue plus tard sous le nom de Première
Internationale, avec la participation de libre
penseurs français exilés.
1870: Pendant le concile du Vatican se tient à Naples un Anti-Concile International.
1880: Fondation à Bruxelles de l'Internationale
de la Libre Pensée. Amnistie des Communards; structuration du mouvement
libre-penseur.
1890: Fondation de la Fédération Française de la Libre Pensée.
1902: Fondation de l'Association Nationale des Libres Penseurs de France (parallèlement à la "Fédération").
1904: Congrès international de la libre pensée à Rome ("La Libre Pensée est démocratique, laïque, sociale").
1905: Congrès international de Paris qui ajoute le pacifisme aux trois thèmes ci-dessus.
1912: Fondation de l'Union Fédérative
de la Libre Pensée de France et des colonies, réunissant
la "Fédération" et
"l'Association Nationale".
1921: Scission et fondation de la Fédération Nationale de Libre Pensée et d'Action Sociale.
1925: Réunification au sein de la Fédération
Nationale des Libres Penseurs de France et des colonies.
Scission de la "Fédération Internationale"
et création de la Fédération Internationale de la
Libre Pensée Prolétarienne
(autre nom: organisation des Travailleurs sans
Dieu). La nouvelle "Fédération Nationale" reste affiliée
à l'ancienne
"Fédération Internationale".
1935: La "Fédération Nationale" adhère au Front Populaire.
1936: Congrès mondial à Prague; réunification des deux fédérations internationales qui deviennent, en
1938: Fondation de l' Union Mondiale des Libres Penseurs (qui existe toujours).
1940: Juin: dernier numéro de "L'Idée Libre"; Octobre: Pétain dissout et interdit l'association: La Libre Pensée.
1945: Refus par le gouvernement provisoire de
la reparution de la revue "La Libre Pensée" et de l'accès
à la radio de
l'association.
1946: Un nouveau journal: "La Raison Militante"
1947: Création d'une émission à
la radio tous les dimanches. Suite aux attaques de Témoignage Chrétien,
l'émission
hebdomadaire devient mensuelle.
1956: Création de "La Raison" en remplacement de "La Raison Militante".
1958: Création d'une nouvelle association
laïque, le CAEDEL (Centre d'Action Européenne Démocratique
et Laïque) dont
l'objectif principal est la promotion de la laïcité
en Europe; son bulletin est "Europe & Laïcité".
1961: B. Russell, président d'Honneur de la Libre Pensée, est emprisonné pour ses positions contre les armes nucléaires.
1975: La Fédération Nationale de la Libre-Pensée s'installe 10-12 rue des Fossés-Saint-Jacques.
Quelques périodiques
1847-1851: La Liberté de Penser.
1860-1862: Le Libre Penseur du XIXième siècle, Journal des idées nouvelles. (hebdomadaire).
1866-1870: La Libre Pensée. (hebdomadaire; condamnation en 1870 pour "outrage à la religion").
1868-1868: Le Démocrate, très vite
interdit. ("Un athée digne de ce nom a une foi qui en vaut bien
une autre, la foi en
l'humanité").
1870: L'Excommunié
1902: La Raison (hebdomadaire; tirage 37 000 ex.)
1939-1980: La Libre Pensée.
1946-1955: La Raison Militante
Depuis 1956: La Raison
Depuis ?: La Calotte
Depuis ?: L'Idée Libre
Quelques prises de position (1940-1980)
Appel au respect de la laïcité en
1940, soutenu par 200 députés formant le groupe parlementaire
de défense laïque; appel
renouvelé en 1950, en 1958.
Pour la nationalisation de l'enseignement privé:
1945, 1959.
"Aucune subvention à l'enseignement privé":
1945, 1948, 1957.
"L'Etat n'a pas le droit de subventionner l'école
du mensonge", déclaration de A. Lorulot, président de la
Libre Pensée: 1950.
Pour l'application de la loi de 1905 en Alsace-Moselle:
1946, 1958.
Contre la guerre en Indochine: 1947, en Algérie:
1960, 1961.
Pour la laïcisation des hopitaux: 1948.
Contre les pélerinages militaires à
Lourdes: 1952.
Contre les subventions d'Etat pour la reconstruction
des presbytères: 1953.
Contre la visite de P. Mendès-France au
Vatican: 1955.
Pour l'abrogation des lois Barangé (subvention
à l'enseignement privé): 1955, 1958.
Contre les obsèques religieuses de E.
Herriot: 1957, et la récupération par l'église de
J. Rostand: 1977.
Contre le référendum organisé
par De Gaulle en 1958; appel à voter "Non" en 1962.
Contre le serment à prêter par les
jurés "devant Dieu et devant les hommes" : 1959 (formule abrogée
en 1972).
"Fille aînée, fille soumise" déclaration
de J. Cotereau (1960).
Une pétition contre les lois Debré
(subventions publiques aux écoles privées) du CNAL soutenue
par la Libre Pensée recueille
10 813 697 signatures et aboutit au "Serment
de Vincennes" du 19.6.1960 (voir annexe).
Contre les armes nucléaires: 1960, 1977.
Contre les atteintes à la liberté
de la presse: 1960.
Contre les aumôneries dans les écoles:
1961, 1967.
Pour le contrôle des naissances: 1961,
et le droit à l'avortement: 1978.
Contre Franco: 1962, 1970, Pinochet: 1973, Khomeyni:
1978.
Contre l'extension du camp du Larzac: 1972.
Contre la reconnaissance de l'enseignement privé
à parité avec l'enseignement public (déclarations
de P. Mesmer, premier
ministre, 1973).
Contre les réformes Fontanet (1974), Haby
(1975), la loi Guermeur (1977).
La plupart de ces prises de position gardent toute leur actualité! Il reste beaucoup de chemin à faire!
Motion sur les religions et les sectes (Congrès
National, Pontoise, 25-27 août 1997)
Le Congrès National de la Libre-Pensée
tient à rappeler qu'il considère toutes les formes de religions,
petites ou grandes,
comme des facteurs d'oppression de l'humanité.
[...] Considérant qu'il est strictement impossible de définir
précisément et
juridiquement où commence une secte et
où finit une religion, la Libre Pensée se prononce pour une
stricte application du
principe de séparation des églises
et de l'Etat [...] Considérant qu'il n'y a aucune différence
de fond entre une "secte" et une
"religion établie", la Libre Pensée
exige l'application stricte du principe de séparation au nom du
respect absolu de la liberté de
conscience. [...] Considérant qu'en France
les sectes sont un danger pour les citoyens, mais que les "religions établies",
en
premier chef l'Eglise catholique, constituent
le principal danger pour la démocratie, la République et
la laïcité, la Libre
Pensée renvoie dos à dos les églises
et les sectes comme étant des facteurs d'oppression de la conscience
humaine. La Libre
Pensée considère que la campagne
de presse [sur] la Scientologie ne vise dans les faits qu'à revendiquer
une législation
d'exception contre les "sectes" et aboutir en
conséquence à définir un statut positif pour les "religions
établies". La Libre Pensée
ne saurait donc s'associer [...] à une
tentative de la religion catholique visant à assurer son leadership
religieux contre la
concurrence des "sectes". [...]